Carnot Sadi
Biographie - physicien - Sadi Carnot
Fils aîné de Lazarre Carnot, Nicolas Léonard Sadi Carnot est un des
pionniers de la thermodynamique. Son unique publication, les réflexions
sur la puissance motrice du feu et sur les machines propres à
développer cette puissance, ignorée de son temps mais redécouverte
trente ans plus tard par Clapeyron, permit à Thomson et à Clausius
d'énoncer le second principe de la thermodynamique sous sa forme
actuelle.
Sadi Carnot fut largement influencé par son père, scientifique
lui-même, qui l'encouragea à cultiver son intérêt pour les sciences.
Après de brillantes études supérieures à l'école polytechnique de
Paris, il entra dans l'armée à Metz, mais regagna vite Paris, en
janvier 1819, en tant qu'officier d'état major, avant de devenir cadre
de réserve. Carnot fréquenta alors les milieux musicaux, littéraires et
scientifique et commença des recherches qui l'amenèrent à publier en
1824, les célèbres Réflexions.
Ce court traité exposait une nouvelle théorie de la machine à feu. Il
fut conçu à une période où en France, on portait un intérêt sans
précédent à la théorie et au fonctionnement de la machine à vapeur.
Carnot comme ses contemporains était fortement impressionné par la
supériorité industrielle de l'Angleterre sur la France, puissance qu'il
attribuait à une large utilisation de la vapeur comme source d'énergie.
L'originalité du traité de Carnot vient de ce qu'il fut le premier à
comprendre que cette machine n'était qu'un dispositif destiné à
transférer de la chaleur d'un corps à un autre de telle façon que du
travail ou "puissance motrice" pût être obtenu dans ce processus. Ce
transfert de chaleur s'effectuait en outre d'une source chaude vers une
source froide, de la même façon que l'eau d'une chute passe
naturellement du niveau le plus haut au niveau le plus bas. Cette
analogie entre l'eau et la chaleur, chère à Carnot, corroborait
d'ailleurs l'opinion erronée de l'époque qui identifiait la chaleur à
un fluide, le "calorique", impondérable et indestructible. Quoique
fructueuse par la suite, cette théorie se révéla à certains égards
inexacte et trompeuse, elle conduisait trop facilement à affirmer que
le travail fourni par la machine à feu n'avait pas nécessité une
dépense de chaleur. Carnot en effet, ne doutait point que la quantité
de chaleur entrant dans la chaudière ne fut égale à celle cédée au
condenseur. Cette erreur facilement corrigée plus tard par Clausius et
Thomson, ne retire pas grand chose à la valeur de l'oeuvre de Carnot.
En dépit de l'importance qu'elle prit, trente ans plus tard dans le
développement de la thermodynamique, la théorie de Carnot fut
pratiquement ignorée de son temps. Cela est dû au fait que les
Réflexions envisageaient une machine à feu idéale, étudiée dans des
conditions irréalisables, et non une machine capricieuse, inefficace
mais réelle, que les ingénieurs auraient eu à mettre au point. Il n'eut
à l'époque qu'un seul article sur l'ouvrage, et ce n'est qu'en 1834 que
Clapeyron en reparla dans le Journal de l'école polytechnique et
réhabilita la théorie de Carnot en la présentant sous une forme plus
analytique. C'est à travers cet article que Clausius et Thomson, vers
1850, prirent connaissance de l'oeuvre du précurseur. Tout à fait
indépendamment, et simultanément, les deux savants purent alors
concilier la théorie de Carnot et l'idée toute nouvelle pour l'époque
que toutes les formes d'énergie - chaleur et travail dans ce cas -
étaient équivalentes et réciproquement convertibles. Clausius et
Thomson avancèrent qu'en fait, la quantité de chaleur admise à la
chaudière est toujours supérieur à celle qui est cédée au condenseur,
d'une quantité exactement équivalente a celle du travail obtenu. Nous
savons maintenant que cette rectification fut faite par Carnot lui-même
dans des notes grossièrement ébauchées et qui ne furent mises au jour
que vers 1878.
Les idées de Carnot, une fois redécouvertes, eurent une influence
considérable sur le développement de la thermodynamique. Elles
amenèrent Thomson à découvrir l'échelle absolue des températures en
1848, et peu de temps après, Thomson et Clausisus à énoncer le second
principe de la thermodynamique. Vers 1854, ce dernier, développant plus
profondément ces théories, introduisit le notion d'entropie. Ainsi,
bien que, dans ses publications tout au moins, Carnot n'ait donnée
aucune indication montrant qu'il ait connu les principes qui sont à la
base de la thermodynamique, il en fut, sans aucun doute, l'un des
principaux pionniers.